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DE L’INDE.

contribution qu’évidemment ce prince ne pouvait payer, puisqu’il avait passé dans la captivité tout le temps du règne de Mohammed ; que le palais eut été dépouillé de tous ses ornemens, le trône des lames d’or et d’argent[1] qui le couvraient, les voûtes de leurs dorures, les caisses publiques de tout ce qu’elles contenaient jusqu’à la dernière roupie, et qu’il ne resta plus rien à dévorer ; lorsqu’enfin il fut arrivé ce jour terrible choisi par les rebelles pour consommer leur crime, jour fatal pour plus d’un peuple, jour où des factieux, de leurs mains sacrilèges, portèrent les derniers coups à d’antiques et nobles monarchies ; où les héritiers de soixante règnes de force, de prospérité ou de gloire virent se briser sur leur front leur couronne souillée, avilie par la révolte : lorsque le DIX AOÛT fut arrivé, Caudir escorté de cinq Afghans cruels comme lui entra dans la chambre de l’empereur, le fit saisir par ces hommes, et se jetant sur lui avec fureur lui creva les deux yeux avec

  1. Depuis long-temps, les trônes d’or massif enrichis de perles et de pierres précieuses, et dont Bernier, Tavernier, Thévenot et vingt autres donnent de si brillantes descriptions avaient cessé d’exister. Ils furent la proie de Nadir et d’Abdallah ; on y avait suppléé par des plaques minces d’or qui recouvraient le bois.