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Page:Marmette - Charles et Éva, 1945.djvu/129

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le lendemain du combat

d’une voix qui allait toujours s’affaiblissant. Mais la méchanceté du chef a été telle, que le Grand-Esprit doit être irrité contre lui, et il a peur d’en être repoussé lorsqu’il lui faudra paraître devant lui.

— Dieu ne repousse point ceux qui se repentent, et si vous lui demandez pardon de vos fautes, il vous sourira en vous voyant. Priez-le donc, chef, ce Dieu qui ne vous demande que le regret de l’avoir offensé.

Ici, le Huron, affaibli par l’effort qu’il venait de faire, resta quelques moments sans voix. Puis la dernière étincelle de sa vie se ranimant :

— Que la vierge pâle prie le Grand-Esprit pour le pauvre sauvage, dit-il.

Alors Éva s’agenouilla et commença à prier. Il devait être saisissant le spectacle de cette frêle enfant de la civilisation priant à côté d’un pauvre homme des bois à l’agonie. Elle était belle ainsi cette chaste jeune fille, dont la prière ardente montait vers le ciel, portée sans doute par les anges ses frères. Tandis que ses lèvres exhalaient l’encens de la prière, son regard, où brillaient la charité, l’espérance et la foi, sem-