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charles et éva

Il y a quatre jours qu’aucun d’entre eux n’a rien mangé. Mais, je me trompe en disant « aucun » ; car la jeune fille, dont nous venons d’essayer à peindre l’état désespéré avait eu le dernier morceau que les infortunés possédaient et avait souffert une journée de moins que les pauvres gens qui s’en étaient privés volontiers pour elle.

Il nous faut faire quelques pas en arrière pour mieux faire comprendre la cause de l’abattement des Canadiens, de Charles et d’Éva.

On sait que lorsque les deux détachements (celui de M. de Mantet et celui de Charles) s’étaient séparés, le manque de vivres s’était déjà fait sentir. Aussi après quatre jours de marche, Charles et ses compagnons s’étaient-ils trouvés sans provisions. Pour surcroît de malheur, ceux que leurs blessures ou la fatigue n’empêchaient point de chasser, eurent beau faire une battue dans les bois, il n’y eut pas une seule pièce de gibier à trouver. Le passage du détachement de M. de Mantet, avait sans doute effrayé les bêtes fauves dont on ne voyait plus que les pistes, qui se perdaient dans les dédales de la forêt.