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charles et éva

amaigries. Cette nature d’acier, sur laquelle la souffrance personnelle ne pouvait rien, se fondait devant celle des autres.

Saisissant alors la main de la jeune personne.

— Me pardonnez-vous, Éva ? lui dit-il.

— Je vous aime, répondit celle-ci qui pressa la main de Charles avec force.

Puis, comme si cet aveu suprême eût ôté à la pauvre enfant le peu de forces qui lui restait, sa tête s’inclina sur l’épaule de Charles. Celui-ci de son côté, épuisé par la marche qu’il venait de faire se sentit aussi défaillir, et tous deux s’évanouirent dans la position où nous les avons trouvés au commencement de ce chapitre.

Vers trois heures de l’après-midi, Charles se réveilla, ou pour mieux dire, revint de ce long évanouissement. Ses idées d’abord confuses, ne s’éclaircirent que trop vite, et, la terrible, la poignante réalité ne tarda pas à lui apparaître dans toute son horreur.

Tous les Canadiens étaient couchés ; il ne s’échappait plus qu’une fumée légère des feux qui allaient s’éteignant faute d’aliments, comme les infortunés qui les entouraient ; la mort planait déjà au-dessus du