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deux rencontres
les plus enragés qui veulent lui arracher la venaison des mains. C’est ça, faites-vous maintenant comme les sangsues que le sérugien (chirurgien) major mit un jour sur le ventre à mon pauvre cousin Fournier à bord du

Il fut ici interrompu par les cris frénétiques des affamés qui voulaient de la nourriture à tout prix.

Après bien des efforts, bien des cris et bon nombre de vigoureuses taloches distribuées à droite et à gauche, il parvint à faire entendre raison à ces pauvres gens, qui ressemblaient aux spectres des contes d’Hoffman. Il donna prudemment à chacun de légères portions de viandes qui furent en un moment dévorées toutes crues.

Les premiers besoins ainsi calmés, on alluma les feux pour procéder à un repas plus humain.

Pendant ce temps-là, Charles était occupé à ranimer Éva toujours évanouie. Il parvint à lui faire avaler, mais avec prudence et lentement, quelques bouchées d’un morceau de venaison qu’il avait précipitamment fait cuire à la broche. Alors le sang commençait à circuler plus librement dans les