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CHAPITRE VII
À BON CHAT BON RAT

— Il est bon de vous dire en passant, mes gars, poursuivit le narrateur, qu’il n’est pas agréable pour un homme de se sentir empoigné tout d’un coup par bras et jambes, presque comme un veau que l’on mène à la boucherie (sur le respect que je vous dois), et emporté ainsi au pas de charge par des démons du genre de ceux qui me voituraient de la sorte. Dire toutes les contorsions, tous les efforts que je fis, toutes les injures et les jurons que je leur jetai en pleine face pour me faire lâcher, impossible. Les diables n’en serraient que plus fort, et, je vous assure qu’ils en ont une poignée, ces b… là. Je sentais leurs griffes me rentrer dans la viande jusqu’aux os ; ça m’allait jusqu’au cœur. Toujours est-il que je me décidai à faire le mouton pendant quelque temps. Remarquez bien qu’on avançait toujours, et, ma foi, ça filait. Tout à coup je jouai des bras et des jambes, comme un diable dans l’eau bénite et j’envoyai tomber les deux escogriffes qui s’étaient chargés de mes