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charles et éva

yeux, mais des yeux !… puis de leur dire les plus vilaines choses qui me passaient par la tête.

Quand le dernier m’eut jeté sa hache qui passa si près de ma tête, que je sentis le fer me brûler l’oreille (ce qui était le meilleur coup de la soirée à en juger par leurs contorsions et leurs hurlements), ils vinrent nous regarder encore de près, se consultèrent une minute, puis tournèrent toute leur rage contre Pierre Mathurin. Apparemment qu’ils me trouvaient plus fort que lui et qu’ils me gardaient pour plus tard.

Après l’avoir abîmé de coups et lui avoir arraché ses habits de dessus le corps, ils se mirent à lui déchirer la chair par lambeaux. Les uns lui coupaient les doigts avec leurs dents, d’autres faisaient rougir leur tomahawk au feu et le lui appliquaient sur l’estomac. J’entendais griller sa chair sous leurs haches rougies. J’écumais de rage, je grinçais des dents, je me débattais de toutes mes forces pour aller défendre Pierre ou me faire tuer avec lui ; j’étais trop bien amarré pour en venir about.

Mais, la chose la plus abominable, la plus exécrable de toutes, ce fut quand l’un de ces