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le départ

gnaient à grands pas. Tant que les jeunes soldats eurent la ville en vue, chacun tournait la tête de temps en temps vers le lieu de sa naissance, où il laissait des êtres chéris dont le chagrin était encore plus grand que le sien. Car la douleur de l’absence affecte plus grièvement ceux qui restent au pays que les soldats qui s’en éloignent pour aller combattre.

Mais quand les dernières maisons de la ville se furent évanouies dans le lointain et que les yeux des Canadiens ne distinguèrent plus rien du lieu où plusieurs, hélas ! ne devaient plus revenir, alors ils repoussèrent leurs pensées au fond de leur cœur et la gaieté française reprit le dessus.

Pendant que les autres causaient et riaient à gorge déployée, deux hommes seuls gardaient le silence et paraissaient préoccupés. Ces deux hommes n’étaient pourtant point des lâches. Le premier était M. de Mantet, qui songeait à toute la responsabilité qui pesait sur lui et réfléchissait aux moyens à prendre pour justifier l’opinion que l’on avait eue de lui en le mettant à la tête de ceux qui se dévouaient pour la