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charles et éva

dition. Car alors ils seront moins sur leurs gardes s’ils sont vainqueurs, et s’ils sont vaincus, ils retraiteront sans ordre. D’ailleurs, laissons les visages pâles s’entredéchirer comme des loups affamés ; nous partagerons leurs dépouilles. Que mon frère me suive !

Ayant ainsi parlé, les deux frères se dirigèrent vers le camp des Canadiens.

Ces derniers, fatigués par une marche de plus de quinze jours à travers les bois, par les privations sans nombre qui étaient l’apanage des guerres d’alors, avaient établi leur camp au centre d’un bois de sapins et dormaient profondément. Quelques sentinelles dispersées dans le camp veillaient seules au salut de tous.

Au nombre des gardes se trouvait Thomas Fournier. Les deux mains appuyées sur le canon de son fusil, le regard rivé à terre, il paraissait insensible au bruit de la tempête et à la violence du vent qui s’engouffrait dans la clairière avec des hurlements sinistres.

Il y avait plus d’une heure qu’il était ainsi plongé dans de profondes méditations,