Aller au contenu

Page:Marmette - Charles et Éva, 1945.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
charles et éva

un coin à garrotter une femme, il s’approcha. Quand ses regards tombèrent sur Éva, il resta stupéfait. La pâleur répandue sur le visage de la jeune femme, la frayeur à laquelle elle était en proie, ne servaient qu’à la rendre plus belle. Les boucles soyeuses de sa chevelure en désordre inondaient ses blanches épaules et les voilaient à demi.

Le jeune officier fut tiré de sa muette contemplation par ces paroles de l’Aigle-Noir :

— La vierge pâle sera un bel ornement pour le wigwam du chef ; elle sera sa femme.

— Arrière, brute ! s’écria Charles, qui arma l’un de ses pistolets et ajusta l’Indien. Je te tue comme un chien, si tu ne laisses cette jeune fille et ne t’éloignes promptement d’ici.

— Quels droits mon frère a-t-il sur la vierge pâle qui est ma prisonnière ? demanda le sauvage.

— Je n’ai point de compte à te rendre, répliqua Charles, qui appuya le canon de son arme sur la poitrine du chef. Mais celui-ci, prompt comme l’éclair, releva le pistolet de sa main gauche, tandis que sa droite tirait de sa ceinture un couteau à scalper.