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charles et éva

Quelques heures plus tard, les Canadiens et leurs alliés ayant reformé leurs rangs éclaircis par la lutte de la nuit, se mirent en marche pour revenir en Canada.

À l’arrière-garde marchaient Charles Dupuis et Thomas Fournier ; le premier portant dans ses bras quelque chose qui avait la forme d’un être humain.

La tempête avait cessé, tout dans la nature avait un calme effrayant. Les lueurs incertaines de l’incendie qui achevait de consumer les dernières maisons de Schenectady, jetaient une lumière blafarde sur les lieux d’alentour. La lune se montra un instant entre deux nuages ; puis, comme effrayée à la vue de tant de ruines et de carnage, elle disparut aussitôt derrière un rideau de sombres vapeurs.

Quand les Canadiens eurent fait environ une demi-lieue, ils se retournèrent et ne virent plus, à la place du bourg qui existait quelques heures auparavant, que des lueurs douteuses et fugitives se confondant avec les pâles clartés de l’aurore qui doraient l’horizon. Les victimes de Lachine étaient vengées.