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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

qui partait de la cime du cap, fit lever la tête aux artilleurs.

— Le signal ! s’écria Bienville.

Haut la mèche ! haut le bras ! commanda Maricourt.

Trois artilleurs rapprochèrent de leur pièce respective les étoupilles allumées.

— Première pièce ! feu ! cria le commandant.

Un long jet de flamme jaillit de la gueule du premier canon qui, en reculant, parut se cabrer d’aise de montrer enfin sa grosse voix.

Les officiers qui avaient eu soin de se tenir en dehors du nuage de fumée que devait produire l’embrasement du salpêtre, avaient les yeux rivés sur le vaisseau amiral.

— Bien visé, Maricourt ! s’écria Bienville ; le projectile a coupé les haubans de bâbord du dernier hunier, quelques pieds plus bas que le pavillon.

— Voyons ce que fera le second, dit le commandant qui ordonna le feu d’une autre pièce.

— Très-bien ! exclama de nouveau Bienville, le bois est entamé, cette fois ! Bas les habits, d’Orsy.

— Eh ! corbleu ! Bienville, oublies-tu que j’en suis, repartit le chevalier de Clermont en ôtant son justaucorps.

Le troisième coup de feu couvrit sa voix.

— Bravo ! bravo ! s’écria Bienville en applaudissant de la voix et des mains. Voyez un peu maintenant, chevalier.

Le projectile avait porté en plein bois, fracassant le mat et hachant les haubans de tribord.

Alors une immense acclamation roula sur les flancs du cap, car le pavillon de l’amiral, dépourvu d’appui,