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CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.



joie et deuil.


— Où courez-vous donc, de si grand matin, mon compère disait M. Pelletier, le maigre mais riche marchand de fourrures de la rue Sault-au-Matelot.

La tête encore couverte de son bonnet de nuit, et ses bretelles négligemment attachées en guise de ceinture autour de son haut-de-chausses, il ouvrait en ce moment la porte de son magasin. Ainsi que l’aurore, M. Pelletier venait de se lever sous le ciel… du lit conjugal où sa robuste moitié ronflait son dernier rêve, mollement enfouie dans un douillet lit de plume qui gardait, longtemps encore après qu’elle l’avait quitté, un moule profond de ses formes arrondies.

— Eh ! par la corbleu ! répondit M. Poisson qui passait en courant, — le brave épicier avait tout dernièrement appris ce juron d’un soldat pour se donner du ton dans la compagnie de milice où il était caporal, et au logis où devant sa femme il n’était que simple soldat, — par la corbleu ! ne savez vous donc point la nouvelle qui court les rues ?

— Comment saurais-je ce que mon épouse ignore encore ?