Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Voilà le second et plus proche motif de ces guerres incessantes, motif qui n’était pourtant qu’une conséquence de l’autre.

En 1689, la guerre étant donc résolue entre la France et son antique rivale de l’autre côté de la Manche, les colons anglais et français du Nouveau-Monde, se mirent à dérouiller aussitôt leurs vieux mousquets et à fourbir leurs épées de combat.

Cette fois-ci, les Canadiens voulurent être agresseurs et prévenir leurs ombrageux voisins en portant la guerre au sein même du territoire ennemi. « Leur premier plan, » dit M. Garneau, « était de l’assaillir à la fois à la Baie-d’Hudson, dans la Nouvelle-York et sur différents points des frontières septentrionales. »

Le premier coup fut en effet porté dans la Baie-d’Hudson que d’Iberville rendit à la France par de glorieux combats qui n’étaient cependant que les préludes de ses futures victoires.

Mais le projet de M. de Callières, qui consistait à attaquer la Nouvelle-York et par terre et par mer, bien qu’agréé d’abord, ne reçut ensuite aucune exécution. Car on intima l’ordre aux colons français de se borner à la défensive, vu qu’on avait assez à faire en France et qu’il était impossible, disait-on, de leur venir en aide d’une manière efficace. Il fallut donc abandonner ce projet qui plaisait tant à MM. de Callières et de Frontenac.

Ce dernier gouverneur voyant la colonie livrée à ses propres ressources, ne voulut cependant pas renoncer complètement à ses desseins ; et, dans l’hiver de 1689-90, il organisa, coup sur coup, les trois expéditions de Schenectady, de Salmon-Falls et de Casco. On sait qu’elles furent toutes trois couronnées