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Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/51

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Et lorsque l’enfant cassait, le matin, de ses doigts gourds, le morceau de pain qui représentait son déjeûner, son père lui affirmait que, s’étant levé avant elle, il l’avait aussi devancée pour prendre son premier repas.

Quand arrivait le midi, le vétéran disait n’avoir pas faim à cette heure de la journée.

Et comme Berthe était au lit quand il rentrait le soir, il était censé souper seul.

Le matin de la veille de Noël, Berthe n’eut pas assez de pain pour son déjeûner. Elle en demanda d’autre. Il n’en restait plus !

Le père, qui la regardait manger, laissa tomber sa tête sur la table où il était accoudé, et pleura.

L’héroïque vieillard n’avait pas pris autre chose que de l’eau froide depuis quatre jours !

L’enfant vint entourer de ses petits bras le cou de son père, et lui demanda pardon, en l’embrassant, de lui avoir causé de la peine.