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ces îlots semblaient être de gigantesques cétacés rougeâtres, qui seraient surgis brusquement des eaux pour contempler ce merveilleux spectacle du roi de la nature se couchant au milieu de sa cour et environné des splendeurs de sa gloire. À la fin du jour ainsi qu’à l’aurore, la nature entière tressaille d’une telle exubérance de vie que les objets, même inanimés, nous semblent s’agiter comme pour saluer l’astre puissant chargé par Dieu de féconder la terre.

Déjà, cependant, le soleil descend et disparaît en arrière des montagnes qui, peu à peu, se sont assombries. Seuls les nuages rouges et dorés qui drapent l’horizon reçoivent encore, grâce à leur élévation, le reflet des rayons du soleil, et ont conservé leurs brillantes couleurs. Mais à mesure que l’astre s’enfonce dans les régions alors inconnues du nord-ouest, les nues ainsi éclairées passent par gradation du rouge pourpre au rose, du rose pâle au jaune clair, et leurs derniers lambeaux d’un blanc lumineux vont s’éteindre à côté de la première étoile dont la faible lumière s’allume au fond du firmament dans l’ombre de la nuit tombante.