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Page:Marmette - Le tomahahk et l'épée, 1877.djvu/20

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Après un moment de silence, le Huron répondit :

— Le pauvre sauvage n’a pas toute la science d’un homme blanc, et ses croyances, bien qu’il soit aussi chrétien, sont différentes des tiennes sur beaucoup de choses. Tu ne vois, sans doute, dans ces signes que des effets produits pas une cause naturelle. Mais mes pères à moi m’ont appris, et je respecte à ce sujet leurs enseignements, que ces brillants esprits qui courent ainsi le soir, dans le territoire des nuages, sont les âmes de nos ancêtres qui s’agitent là-haut pour avertir leurs petits-fils d’un danger prochain. Lorsque nous fûmes chassés par nos ennemis des bords du grand lac, où blanchissent maintenant les os desséchés de tous ceux qui nous furent chers, nos tribus en reçurent longtemps d’avance, l’avertissement par de pareils signes. Mais le Grand-Esprit avait frappé ses fils d’aveuglement. Comme des vieillards qui, sur le soir de la vie, ne peuvent plus distinguer la lumière du feu de leur cabane, nous étions frappés d’aveuglement. Bien loin d’être sur leurs gardes, mes frères, malgré mes conseils et ceux de quelques