Page:Marmier - Au bord de la Néva, 1865.djvu/214

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Après la préface que M. Viardot a mise en tête de son recueil de nouvelles, après l’intéressante notice littéraire de M. Mérimée, il ne nous restait qu’à recueillir quelques détails biographiques sur la vie de Gogol. Nous les joignons comme une introduction à ce conte du Manteau, qui n’avait pas encore été traduit dans notre langue, et qui, selon nous, est une des productions caractéristiques de cet esprit original.

Nicolas Wassiliewitch Gogol naquit, en 1808, dans un village du gouvernement de Poultava, dans cette région méridionale de l’empire russe désignée sous le nom de Petite-Russie, qui, après avoir longtemps lutté contre les Tartares, les Mongols, les Turcs et les Polonais, finit par s’adjoindre à la puissante monarchie des tzars.

Le père de Nicolas était un pauvre petit propriétaire vivant assez péniblement du modique produit de son étroit domaine.Mais il avait le goût des lettres, surtout un penchant très-vif pour l’art dramatique et le talent de la déclamation. Dès son enfance, Gogol entendit réciter des vers, s’essaya lui-même à en réciter, et dans sa naissante imagination rêva peut-être l’éclat d’un grand rôle sur un vaste théâtre. Combien d’hommes dont la vocation a été déterminée par ces premières impressions et ces premiers élans du jeune âge !

Il entra, pour faire ses études, au gymnase du prince Bibedsko, un de ces établissements comme il en a été fondé plusieurs en Russie par la munificence de quelques grands seigneurs, pour l’éducation des gentilshommes pauvres. Gogol se fit remarquer, dans cette institution, par les idées littéraires dont il avait pris le germe dans la maison paternelle. Comme Gœthe avec ses sœurs, comme Œhlenschlæger, le poète danois, avec ses compagnons, il organisa, avec les élèves du gymnase, des représentations scéniques, et composa même quelques pièces pour ces juvéniles solennités. À cette époque, la gloire de l’écrivain lui souriait moins pourtant que l’auréole de l’artiste dramatique ; à cette époque, il n’aspirait qu’à être acteur. Dès qu’il eut fini ses études, il se rendit à Pétersbourg, comme le charmant conteur Andersen à Co-