Page:Marmier - Les Perce-Neige, 1854.djvu/12

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convenir avec lui de la cérémonie, puis il s’était remis en marche pour se procurer des témoins parmi les habitants du voisinage. Le premier auquel il s'adressa était un cornette en retraite, qui accepta avec joie sa proposition. Une telle aventure lui rappelait, disait-il, le temps de sa jeunesse et les affaires de hussards. Il engagea Vladimir à rester avec lui, promettant de lui trouver à coup sûr deux autres témoins. En effet, après dîner apparurent à la fois le géomètre Schmidt avec ses moustaches et ses éperons, et le fils du capitaine Ispravnik, jeune homme de dix-sept ans, qui venait d’entrer dans les uhlans. Tous deux se rendirent avec empressement à la demande de Vladimir, et de plus jurèrent qu’ils étaient prêts à sacrifier pour lui leur vie. L’heureux amant de Marie les embrassa avec transport et retourna dans sa demeure pour faire ses derniers préparatifs.

La nuit était déjà assez avancée. Il donna ses instructions à son cocher et l’envoya avec un traîneau à trois chevaux attendre Marie. Pour lui, il prit un traîneau à un cheval et partit seul pour Jadrino, où la jeune fille devait le rejoindre dans deux heures. Il connaissait parfaitement le chemin et pouvait arriver à l’église en dix minutes.

Mais à peine était-il parti que l’orage commença, et qu’autour de lui s’éleva un tel tourbillon qu’il ne distinguait plus rien. En un instant, toute trace de chemin disparut. L’horizon entier était couvert d’un