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MÉMOIRES DE MARMONTEL
LIVRE II
a tranquillité, le silence du hameau d’Abloville, où j’écris ces mémoires, me rappellent le calme que rendit à mon âme le village de Saint-Bonet[1]. Le paysage n’en étoit pas aussi riant, aussi fertile ; le merisier et le pommier n’y ombrageoient pas les moissons de leurs rameaux chargés de fruits ; mais la nature y avoit aussi sa parure et son abondance.
La treille y formoit ses portiques, le verger ses salons, le gazon ses tapis ; le coq y avoit sa cour d’amour, la poule sa jeune famille ; le châtaignier avec assez de majesté y déployoit son ombre et y répandoit ses largesses ; les champs, les prés, les bois, les troupeaux, la culture, la pêche des étangs,
les grandes scènes de la campagne y étoient assez
- ↑ Il y a six localités de ce nom dans le département de la Corrèze ; celle dont parle Marmontel est située à 13 kilomètres d’Ussel et à 17 kilomètres de Bort.
