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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T1.djvu/317

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l’Académie françoise. Sans compter les amis de la religion, qui n’étoient point les amis de Voltaire, il avoit à l’entour du roi des jaloux et des envieux de la faveur qu’on lui voyoit briguer, et ceux-là étoient attentifs à censurer ce qu’il faisoit pour plaire. À leur gré, le poème de Fontenoy n’étoit qu’une froide gazette ; le Panégyrique du roi étoit inanimé, sans couleur et sans éloquence ; les vers à Mme de Pompadour furent taxés d’indécence et d’indiscrétion, et dans ces vers surtout,


Soyez tous deux sans ennemis,
Et gardez tous deux vos conquêtes,


on fit sentir au roi qu’il étoit messéant de le mettre au niveau et de pair avec sa maîtresse.

Au mariage du dauphin avec l’infante d’Espagne, il fut aisé de relever l’inconvenance et le ridicule d’avoir donné pour spectacle à l’infante cette Princesse de Navarre, qui véritablement n’étoit pas faite pour réussir. Je n’en dis pas de même de l’opéra du Temple de la Gloire l’idée en étoit grande, le sujet bien conçu et dignement exécuté. Le troisième acte, dont le héros étoit Trajan, présentoit une allusion flatteuse pour le roi : c’étoit un héros juste, humain, généreux, pacifique, et digne de l’amour du monde, à qui le temple de la Gloire étoit ouvert. Voltaire n’avoit pas douté que le roi ne se reconnût dans cet éloge. Après le spec-