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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/133

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dit-il, et revenez demain sur les dix heures ; cela sera tout aussi bon.

J’avois besoin de cette soirée pour arranger le Mercure du mois. J’envoyai donc prier à souper deux de mes amis ; et, en les attendant, je passai chez Mme Geoffrin pour lui annoncer ma disgrâce. Elle en savoit déjà quelque chose, car je la trouvai froide et triste ; mais, quoique mon malheur eût pris sa source dans sa société, et qu’elle-même en fût la cause involontaire, je ne touchai point cet article, et je crois qu’elle m’en sut bon gré.

Les deux amis que j’attendois étoient Suard et Coste[1] : celui-ci, jeune Toulousain, avec lequel j’avois été en société dans sa ville ; l’autre, sur qui je comptois pour la vie, étoit l’ami de cœur que je m’étois choisi. Il vouloit bien m’entretenir dans cette douce illusion en m’offrant librement lui-même les occasions de lui être utile. Il m’auroit offensé s’il eût paru douter du plein droit qu’il avoit de disposer de moi. Le désir de les occuper

  1. Louis Coste de Pujolas, né à Toulouse en 1719, mort à Paris le 25 juin 1777, longtemps directeur des Affiches, Annonces et Avis divers, connus sous le nom d’Affiche de province (1752-1784, 33 vol.  in-4o). Le Nécrologe de 1778 contient une notice anonyme sur Coste de Pujolas par un de ses amis ; dans une note autographe que je possède, Meusnier de Querlon, véritable rédacteur de l’Affiche de province, conteste les titres de son chef de file aux éloges que lui prodiguait le Nécrologe.