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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/160

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le faire donner à son ami Lagarde. » Ce Lagarde étoit si mal famé que, dans la société des Menus-Plaisirs, où il étoit souffert, on l’appeloit Lagarde-Bicêtre. C’étoit donc, mes enfans, à Lagarde-Bicêtre que l’on m’avoit sacrifié, et le duc de Choiseul m’en faisoit l’aveu !

Aussi dépourvu d’instruction que de talent, ce nouveau rédacteur fit si mal sa besogne que le Mercure, décrié, tomboit, et n’alloit plus être en état de payer les pensions dont il étoit chargé. Les pensionnaires, effrayés, vinrent me supplier de consentir à le reprendre, et m’offrirent d’aller tous ensemble demander qu’il me fût rendu ; mais, ayant une fois quitté cette chaîne importune, je ne voulus plus m’en charger. Heureusement, Lagarde étant mort, le Mercure fut fait un peu moins mal et dépérit plus lentement ; mais, pour sauver les pensions, il fallut enfin qu’on en fit une entreprise de librairie.