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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/219

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pour lui. Le Dauphin, que l’abbé de Radonvilliers avoit favorablement prévenu, voulut bien me parler. « J’ai ouï dire beaucoup de bien de cet ouvrage, me dit-il ; j’en pense beaucoup de l’auteur. » En me disant ces mots, il me navra le cœur de tristesse, car je lui vis la mort sur le visage et dans les yeux.

Dans toute cette cérémonie le bon duc de Duras fut mon conducteur, et je ne puis dire avec quel intérêt il s’empressa à me faire bien accueillir. Lorsque je descendis chez Mme de Pompadour, à qui j’avois déjà présenté mon ouvrage : « Allez-vous-en, me dit-elle, chez M. de Choiseul lui offrir son exemplaire, il vous recevra bien, et laissez-moi celui de M. de Praslin, je le lui offrirai moi-même. »

Après mon expédition, j’allai bien vite annoncer à d’Alembert et à Duclos le succès que je venois d’avoir, et le lendemain je fis présent de mon livre à l’Académie. J’en distribuai des exemplaires à ceux des académiciens que je savois bien disposés pour moi. Mairan disoit que cet ouvrage étoit un pétard que j’avois mis sous la porte de l’Académie pour la faire sauter, si on me la fermoit ; mais toutes les difficultés n’étoient pas encore aplanies.

Duclos et d’Alembert avoient eu je ne sais quelle altercation, en pleine Académie, au sujet du roi de Prusse et du cardinal de Bernis ; ils