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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/281

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des éditions de mon livre. Je me tenois donc en défense, sans avoir l’air de craindre la Sorbonne, sans avoir l’air de la braver, lorsqu’un abbé, qui depuis a eu lui-même de puissans ennemis à combattre, l’abbé Georgel[1], vint m’inviter à prendre pour médiateur l’archevêque[2], en m’assurant que, si je l’allois voir, j’en serois bien reçu, et qu’il le savoit disposé à me négocier avec la Faculté un accommodement pacifique. Rien ne convenoit mieux à mon plan que les voies de conciliation. J’allai voir le prélat il me reçut d’un air paterne, en m’appelant toujours mon cher monsieur Marmontel. Je fus touché de la bonté que sembloient exprimer des paroles si douces. J’ai su depuis que c’étoit le protocole de monseigneur en parlant aux petites gens.

Je l’assurai de ma bonne foi, de mon respect pour la religion, du désir que j’avois de ne laisser aucun nuage sur ma doctrine et celle de mon livre, et je ne lui demandai pour grâce que d’être admis à m’expliquer devant lui avec ses docteurs

  1. J.-Fr. Georgel (1731-1813), d’abord jésuite, puis secrétaire et chargé d’affaires de France à la cour de Vienne, grand vicaire du cardinal Louis de Rohan à Strasbourg, et de M. de La Fare à Nancy, auteur de volumineux Mémoires (1817 et 1820, 6 vol.  in-8), dont, selon Quérard, la rédaction aurait été remaniée par divers écrivains.
  2. Christophe de Beaumont (1703-1781).