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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/32

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ment, à mon gré, la plus spirituelle et la plus aimable des femmes, mais la meilleure et la plus essentielle des amies, la plus active, la plus constante, la plus vivement occupée de tout ce qui m’intéressoit. Imaginez-vous tous les charmes du caractère, de l’esprit, du langage, réunis au plus haut degré, et même ceux de la figure, quoiqu’elle ne fût pas jolie ; surtout, dans ses manières, une grâce pleine d’attraits : telle étoit cette jeune fée. Son âme, active au delà de toute expression, donnoit aux traits de sa physionomie une mobilité éblouissante et ravissante. Aucun de ses traits n’étoit celui que le pinceau auroit choisi ; mais tous ensemble avoient un agrément que le pinceau n’auroit pu rendre. Sa taille, dans sa petitesse, étoit, comme on dit, faite au tour, et son maintien communiquoit à toute sa personne un caractère de noblesse imposant. Ajoutez à cela une culture exquise, variée, étendue, depuis la plus légère et brillante littérature jusqu’aux plus hautes conceptions du génie ; une netteté dans les idées, une finesse, une justesse, une rapidité, dont on étoit surpris ; une facilité, un choix d’expressions toujours heureuses, coulant de source et aussi vite que la

    Louvre, maîtresse de Ch.-Claude de Flahaut de La Billarderie, comte d’Angiviller, qu’elle épousa en 1781, morte à Versailles le 14 mars 1808. D’Angiviller s’éteignit, dit-on, dans un couvent d’Allemagne, en 1810.