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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/350

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lui, afin qu’il eût au moins, disoit-il, la satisfaction de me remercier lui-même. Après m’être longtemps refusé à ses invitations, je m’y rendis enfin, et j’allai dîner une fois chez lui. Depuis, je ne l’avois point vu, quand je reçus ce billet de sa main :

Je viens, Monsieur, de demander pour vous au roi la place d’historiographe de France, vacante par la mort de M. Duclos. Sa Majesté vous l’a accordée. Je m’empresse de vous l’annoncer. Venez remercier le roi.

Cette marque de faveur, dont la cause étoit inconnue, fit taire mes ennemis à la cour ; et le duc de Duras, qui n’avoit pas sur la Belle et la Bête le même scrupule que le duc d’Aumont, me demanda en 1771 Zémire et Azor pour le spectacle de Fontainebleau. Il y eut un succès inouï, mais ce ne fut pas sans avoir couru le risque d’y être bafoué. L’Ami de la maison, qui fut donné la même année à ce spectacle, y fut très froidement reçu. Dès que j’en eus senti la cause, j’y remédiai, et il eut à Paris même succès que Zémire et Azor. Ce sont de bien petites choses ; mais, comme elles m’ont intéressé, elles auront aussi quelque intérêt pour mes enfans.

Lorsque Zémire et Azor fut annoncé à Fontainebleau, le bruit courut que c’étoit le conte de la Belle et la Bête mis sur la scène, et que le principal