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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/363

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âge et au mien, elle n’en devint que plus vive. Soit à Paris, soit à la campagne, j’étois le plus assidu qu’il m’étoit possible auprès d’elle. Je quittois même assez souvent pour elle des sociétés où, par goût, je me serois plu davantage, et je faisois pour l’amitié ce que bien rarement j’avois fait pour l’amour ; mais personne au monde ne m’aimoit autant que Mme de L. P***, et, quand je m’étois dit : « Tout le reste du monde se passe de moi sans regret », je ne balançois plus à tout abandonner pour elle. Mes sociétés philosophiques et littéraires étoient les seules dont elle ne fût point jalouse ; par toute autre dissipation je l’affligeois, et le reproche m’en étoit d’autant plus sensible qu’il étoit plus discret, plus timide et plus doux.

Dans ce temps-là mes occupations se partageoient entre l’histoire et l’Encyclopédie. Je m’étois fait un point d’honneur et de délicatesse de remplir dignement mes fonctions d’historiographe, en rédigeant avec soin des mémoires pour les historiens à venir. Je m’adressai aux personnages les plus considérables de ce temps-là pour tirer de leurs cabinets des instructions relatives au règne de Louis XV, par où je voulois commencer, et je fus moi-même étonné de la confiance qu’ils me marquèrent. Le comte de Maillebois me livra tous les papiers de son père et les siens. Le mar-