Aller au contenu

Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivante, jusqu’au lendemain à l’heure du nouvel accès, je n’en avois aucun ressentiment. Les médecins que j’avois consultés s’éțoient inutilement appliqués à me guérir. Le quinquina, les saignées du pied, les liqueurs émollientes, les fumigations, ni les sternutatoires, rien n’avoit réussi. Quelques-uns même de ces remèdes, comme le quinquina et le muguet, ne faisoient qu’irriter mon mal.

Un médecin de la reine, appelé Malouin, homme assez habile, mais plus Purgon que Purgon lui-même, avoit imaginé de me faire prendre en lavemens des infusions de vulnéraire. Cela ne me fit rien ; mais, au bout de son période accoutumé, le mal avoit cessé. Et voilà Malouin tout glorieux d’une si belle cure. Je ne troublai point son triomphe ; mais lui, saisissant l’occasion de me faire une mercuriale : « Eh bien ! mon ami, me dit-il, croirez-vous désormais à la médecine et au savoir des médecins ? » Je l’assurai que j’y croyois très fort. « Non, reprit-il, vous vous permettez quelquefois d’en parler un peu légèrement ; cela vous fait tort dans le monde. Voyez parmi les gens de lettres et les savans, les plus illustres ont toujours respecté notre art » ; et il me cita de grands hommes. « Voltaire lui-même, ajouta-t-il, lui qui respecte si peu de choses, a toujours parlé avec respect de la médecine et des médecins. — Oui, lui dis-je, docteur, mais un