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Vie de Clément Marot.


Un peu plus loin, parlant toujours au roi François pour lui indiquer ce que l’on rencontre dans les Psaumes, il continue :

Vous y orrez de Dieu la pure loy
Plus clair former qu’argent de fin alloy
Et y verrez quelz maux & biens aduiennent
A touts ceulx là qui la rompent & tiennent.

L’Église n’aimait pas que l’on recourût au texte au lieu de s’en tenir à ses interprétations ; elle devait donc voir d’un très mauvais œil ce que Marot dit ici des Psaumes. Mais, un grief plus grave, c’est l’enthousiasme du poète pour ces livres qui célèbrent les preuves de l’existence de Dieu d’après les merveilles de la création, tandis qu’il s’arrête fort peu aux miracles, qui ne sont que des monstruosités contraires aux lois instituées par le créateur. On sent Marot inspiré par une conviction sincère lorsqu’il énumère les signes par lesquels la puissance divine se révèle à l’homme :

Soit par le grand & merueilleux chef-d’œuure
Au ciel voufté qui toutes chofes cœuvre,
Ou par le cours que faicl l’obfcure nuicl
Et le clair iour qui par compas la fuit ;
Soit par la terre en l’air efpars pendue,
Ou par la mer autour d’elle efpandue,
Ou par le tout, qui aux deux prend naiffance,
Sur quoy il veult qu’ayons toute puiffance,
Nous apprenant à le glorifier
Et de quel cueur nous fault en luy fier.

Le souffle des réformateurs anime celui qui a composé ces vers, et nous n’aurons point à nous étonner lorsque nous verrons bientôt les colères de la Sorbonne déchaînées contre Marot. C’est précisément parce que celui-ci sent la foudre prête à gronder sur sa tête qu’il fait appel au roi, et, par un tour ingénieux, cherche à lui démontrer que lui-même est son complice :

Dieu a voulu jufqu’icy qu’en fon temple
Par ces beaux vers on le serue & contemple ;