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Le premier liure

Aoniens d’auecques les Attiques
De par Phocis, terre grande, i’entends
Quand terre eftoit : mais en iceluy temps
La plus grand part n’eftoit que mer comblée
620 Et vn grand champ d’eaue fubit afTemblée.
En ce pays, Parnafïus, le hault mont,
Tendant au ciel, fe drefTe contremont,
A double croupe, & les nues furpafTe
De fa haulteur. Sur celle haulte place
s (Pour ce que mer couuroit le demourant)
Deucalion aborda, tout courant,
En vne nef qui grande n’eftoit mye,
Auec Pyrrha, fa compaigne & amye.
Les Dieux du mont & Nymphes Corycides
Là adoroyent, priant à leurs fublides
Themys difant les chofes aduenir,
Qui lors fouloit des oracles tenir
Le temple faincT :. Oncques ne fut viuant
Meilleur que luy, ne de plus enfuyuant
s Vraye équité : & n’eut oncq au monde ame
Plus honnorant les Dieux que icelle dame.
Quand Iuppiter veit par l’eaue continue
Que terre eftoit vn eftang deuenue,
Et ne refter, de tant de milliers d’hommes,
+ o Maintenant qu’vn fur la terre où nous fommes,
Et ne refter de tant de femmes quVne :
Voyant aufli que fans malice aulcune
Touts deux eftoyent, & touts deux amateurs