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Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/53

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Sont achevez dee tresardans couraiges :
Mais si ainsi est, que par Vertu doibve estre
Honneur acquis, Raison donne à congnostre,
Que Scipion jadis fuyant delices,
Et non saillant de Vertu hors des lices,
D’honneur dessert le tiltre pretieux
Devant vous deux, qui fustes vitieux.


Lucien, met beaucoup plus de brièveté à remplir fes fondions de juge. Ces amplifications continuelles, fi conformes au goût de l’époque & fi éloignées des traditions antiques, les nombreuses erreurs que nous avons relevées çà & là, nous permettent de conclure que Marot, ignorant le latin, n’en favait pas plus long en grec, & qu’il ne fe mefura jamais avec le texte de Lucien. Pour venir à bout de fa tâche, il lui fallut recourir aux confeils de fes amis. Voici à ce fujet quelques conjectures affez vraifemblables que nous croyons pouvoir hafarder, fans trop de témérité. Parmi les favants qui cultivaient alors le grec, langue réputée d’invention diabolique, il faut citer au premier rang Erafme, qui fut probablement en relations littéraires avec Marot. Érafme faifait de fréquentes vifites à Paris, & s’y trouvait précifément de paflage aux environs de l’année 15 15, époque à laquelle Marot verfifiait le Iugement de Minos. Érafme éprouvait un goût tout particulier pour la ledurede Lucien, &déjà, par fes traductions, il avait réuffi à le mettre à la mode ( Vie d’ Ër aj ’me , par Burigni, I, m). On rencontre en outre, vers la fin du XV e fiècle, une traduction latine de cet auteur par Gellius Bernardinus Marmitta de Parme, qui l’avait éditée à Avignon en 1497. En 1529 Geoffroy Tory publiait une tradudion du même auteur, & la préface nous fournit de naï ves révélations fur la manière de traduire à cette époque : « Ces pièces, translatées de grec en latin par plufieurs fçauants & recommanda blés autheurs, ont efté enfuite mifes de latin en françois vulgaire par Geoffroy Tory.» Dans ce recueil, à la fuite de la Table de Cébès. fe trouve le dia-