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Page:Marot - Les Œuvres, t. 3, éd. Guiffrey, 1881.djvu/101

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Si est il mort, ainsi qu’il demandoit :
Et me souvient, quand sa mort attendoit,
Qu’il me disoit, en me tenant la Dextre :
Filz, puis que Dieu t’a faict la grâce d’estre
Vray Heritier de mon peu de sçavoir,
Quiers en le bien ; qu’on m’en faict avoir :
Tu congnois, comme user en est decent.
C’est ung sçavoir tant pur, et innocent,
Qu’on n’en sçauroit à creature nuire.
Par Preschemens, le Peuple on peult seduire :
Par Marchander, tromper on le peult bien :
Par Plaiderie, on peult menger son bien :
Par Medecine, on peult l’homme tuer :
Mais ton bel Art ne peult telz coups ruer :
Ains en sçauras meilleur Ouvrage tistre :
Tu en pourras dicter Lay, ou Epistre,
Et puis la faire à tes Amis tenir,
Pour en l’Amour d’iceulx t’entretenir.
Tu en pourras traduire les Volumes
Jadis escriptz par les divines Plumes
Des vieulx Latins, dont tant est mention.
Apres tu peulx de ton invention
Faire quelcque Œuvre [pour] jecter en lumiere : [à jecter]
Dedans lequel en la Fueille premiere
Doibs invocquer le nom du toutpuissant :