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Page:Marot - Les Œuvres, t. 3, éd. Guiffrey, 1881.djvu/170

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Et qui pourtant compte n’en feistes mye,
Nulle de vous ne me soit ennemye,
Je vous supply’, pour telles Bourgeoisettes,
Qui vont cherchant des noises pour noisettes.
On veoit assez, que vous estes entieres
De n’avoir prins à cueur telles matieres.
Aussi n’est il blason, tant soit infâme,
Qui sceust changer le bruyt d’honneste femme :
Et n’est blason tant soit plein de louange,
Qui le renom de folle femme change.
On a beau dire, une Colombe est noire,
Ung Corbeau blanc : pour l’avoir dit, fault croire
Que la Colombe en rien ne noircira,
Et le Corbeau de rien ne blanchira.
Certainement les vertus, qui s’espendent
Dessus voz cueurs, si fort vostre me rendent,
Que pour l’amour de vous n’eusse jamais
Contre elles faict ceste presente : mais
Tant m’on pressé d’escrire, et me contraignent,
Qu’il semble au vray, que plaisir elles preignent
En mes propos : et ont bien ce credit,
Que si je n’ay assez à leurs gré dict,
Je leur feray ung Livre de leurs gestes
Intitulé, Les six vieilles Digestes :