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LES EPIGRAMMES
de Clément Marot
(De l’Adolescence)


A monsieur Crétin,, souverain poëte Françoys. [1]
(Vers 1521.)


L’HOMME sotart et non savant, Comme un rotisseur qui lave oye [2]

Titre : Clément Marot à Monsieur Crétin souverain poète françois, S. [3]

  1. Au concours annuel du Puy de la Conception (sur cette confrérie religieuse er poétique, voyez tome I, p. 64 et suiv.) qui se célébra en 1521 à Rouen, Clément Marot avait envoyé un « chant royal » qui commençait par ces vers : Lorsque le Roy par hault desir er cure Delibera d’aller veoir ennemys... Notre poète ne remporta point le prix, mais il put se consoler en voyant couronner son père. Toutefois, si Maître Clément ne réussit point au gré de ses désirs, sa tentative ne laisa pas de faire un certain bruit dans le monde littéraire. Guillaume Crétin, qui prétendait alors régenter la poésie et qui était des lauréats ordinaires du Puy de la Conception (Bibl. de Rouen, Y 18), daigna jeter les yeux sur ce jeune débutant. Il le pria de lui envoyer ses vers. Marot ne resta point indifférent à cette demande du poète & lui adressa son chant royal en l’accompagnant du huitain que nous reproduisons ici.Nous aurions ignoré ces détails si, dans la première édition de ses œuvres, Marot n’avait fait précéder ces deux pièces de la mention suivante : « Chant royal de la Conception Nostre-Dame, que maistre Guillaume Crétin voulut avoir de l’autheur, lequel luy envoya avec ce huitain » (éd. i532). C’est à l’aide de cette indication qu’il nous a été possible de déterminer d’une manière précise la date de cette pièce. Quant à Guillaume Crétin, l’occasion nous sera bientôt fournie de revenir sur ce personnage (voyez plus loin l’Épigram me : Des poètes françois, à Saler).
  2. Sans doute faut-il voir dans , ce vers une allusion à quelque proverbe dérivé de l’art culinaire & dont il nous a été impossible de retrouver le texte ni l’origine. De même que, pour désigner un habile homme, on disait « qu’il plumoit l’oye sans la faire crier », de même, pour taxer quelqu’un de maladresse et d’incapacité, on le comparait à un rôtisseur qui aurait commis la faute impardonnable, paraît-il, de tremper dans l’eau l’oie préparée pour la broche.
  3. P. Roffet, août & nov. 1532, févr. 1532 (1533), juin 1533.