Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/400

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Mais tout de Noir par tristesse couvert :
Et le suyvoient cent hommes en douleur
Vestuz d’habitz de semblable couleur :
Chascun au poing Torche, qui feu rendoit,
Et où l’Escu du Noble mort pendoit.
Lors curieux picquay pour veoir les Armes,
Mais telle veue aux yeux me mist les larmes,
Y voyant painct l’Esle sans per à elle.
Dieu immortel (dis je lors) voyci l’Esle,
Qui a vollé ainsi, que voller fault
Entre deux Airs, ne trop bas, ne trop hault :
Voyci (pour vray) l’Esle, dont la vollée
Par sa vertu a la France extollée,
Circonvollant ce Monde spacieux,
Et survollant maintenant les neufs Cieulx.
C’est l’Esle noire en la bende dorée,
L’Esle en vollant jamais non essorée,
Et dont sortie est la mieulx escripvant
Plume, qui fut de nostre aage vivant.
C’est celle Plume, où modernes espritz
(Soubz ses patrons) leur sçavoir ont appris :
Ce fut la Plume en sage main baillée,
Qui ne fut oncq (comme je croy) taillée
Que pour servir en leurs secretz les Roys :
Aussi de reng elle en a servi troys
En Guerre, en Paix, en Affaire urgens,
Au gré des Roys, et proffit de leurs gens.
O vous humains, qui escoutez ma plaincte,
Qui est celluy, qui eut ceste Esle paincte
En son escu ? Vous en fault il doubter ?
Sentez vous point, quand venez à gouster
Ce, que je dy en mon triste mottet,
Que c’est le bon Florimond Robertet ?
En est il d’autre en la vie mortelle,