Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/405

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Son bras tout sec en arriere estendit,
Et fierement son Dard mortel brandit,
Pour Republicque en frapper par grand ire :
Mais tout à coup de fureur se retire,
Et d’une voix, qui sembloit bien loingtaine,
Dit telle chose utile, et trescertaine.


La mort a tous humains

Peuple seduict, endormy en tenebres
Tant de longs jours par la doctrine d’homme,
Pourquoy me fais tant de pompes funebres,
Puis que ta bouche inutile me nomme ?
Tu me mauldictz, quand tes Amys assomme,
Mais quand ce vient, qu’aux obseques on chante,
Le Prebstre adonc, qui d’Argent en a somme,
Ne me dict pas mauldicte, ne meschante.

Et par ainsi de ma pompe ordinaire
Amande plus le vivant, que le mort.
Car grand Tumbeau, grand Dueil, grand Luminaire,
Ne peult laver l’Ame, que peché mord.
Le Sang de Christ, quand la Loy te remord,
Par Foy te lave, ains que le corps desvie.
Et toutesfois sans moy, qui suis la Mort,
Aller ne peulx en l’eternelle vie.

Pourtant si suis deffaicte, et dessirée,
Ministre suis des grands tresors du Ciel :
Dont je debvrois estre plus desirée,
Que ceste vie amere plus que Fiel.
Plus elle est doulce, et moins en sort de Miel,