Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour d’icy bas la renvoyer aux Cieulx.

Tien toy donc fort du seul Dieu triumphant,
Croyant qu’il est ton vray, et propre Pere :
Si ton Pere est, tu es donc son Enfant,
Et Heritier de son Regne prospere.
S’il t’a tiré d’eternel impropere,
Durant le temps que ne le congnoissoys,
Que fera il s’en luy ton cueur espere ?
Doubter ne fault que mieulx traicté ne soys.

Et pour autant que l’homme ne peult faire
Qu’il puisse vivre icy bas sans peché,
Jamais ne peult envers Dieu satisfaire,
Et plus luy doibt le plus tard despeché.
Donc comme Christ en la croix attaché
Mourut pour toy, mourir pour luy desire.
Qui pour luy meurt, est du tout relasché
D’Ennuy, de Peine, de Peché, qui est pire.

Qui faict le coup ? c’est moy, tu le sçais bien.
Ainsi je suis au Chrestien, qui desvie,
Fin de peché, commencement de bien :
Fin de langueur, commencement de vie.
Donc homme vieil pourquoy prens tu envie
De retourner en ta jeunesse pleine ?
Veulx tu rentrer en misere asservie,
Dont eschappé tu es à si grand peine ?

Si tu me dis, qu’en te venant saisir,
Je ne te faiz sinon tort, et nuysance,
Et que tu n’as peine, ne desplaisir,
Mais tout plaisir, lyesse, et toute aisance,
Et dy qu’il n’est plaisir, que desplaisance,