Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/409

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Et vit ailleurs plus, que icy ne vivoit :
Que dis je plus ? mais sans fin, je t’asseure.

Parquoy bien folle est la coustume humaine,
Quand aulcun meurt, porter, et faire dueil.
Si tu croys bien que Dieu vers luy le maine
A quelle fin en jectes larmes d’œil ?
Le veulx tu vif tirer hors du Cercueil,
Pour à son bien mettre empesche, et deffense ?
Qui pour ce pleure, est marry, dont le vueil
De Dieu est faict. Jugez si c’est offense.

Laisse gemir, et braire les Payens,
Qui n’ont espoir d’eternelle demeure :
Faulte de Foy te donne les moyens
D’ainsi pleurer, quand fault que quelcun meure :
Et quant au port du drap plus noir que Meure,
Ypocrisie en a taillé l’habit :
Dessoubz lequel tel pour sa mere pleure,
Qui bien vouldroit de son Pere L’obit.

Messes sans nombre, et force Anniversaires,
C’est belle chose, et la façon j’en prise :
Si sont les Chantz, Cloches, et Luminaires :
Mais le mal est en l’avare Prebstrise.
Car si tu n’as vaillant que ta Chemise,
Tiens toy certain, qu’apres le tien trespas
Il n’y aura ne Convent, ny Eglise,
Qui pour toy sonne, ou chante, ou fasse ung pas.

N’ordonne à toy telles solennitez,
Ne soubz quel marbre il fauldra qu’on t’enterre,
Car ce ne sont vers Dieu que vanitez :
Salut ne gist en Tombeau, ny en Terre.
Le bon Chrestien au Ciel yra grand erre,
Fust le sien corps en la rue enterré :
Et le maulvais en Enfer tiendra serre,
Fust le sien corps soubz l’Autel enserré.