Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/116

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Qui au Mont d’Honneur esclercy
Tous les vrays Amoureux appelle :
Venez Amantz, venez (dit elle)
Venez à moy, je vous attendz.
Venez (ce dit la Jouvencelle)
Mes Amours durent en tout temps.


Envoy

Prince fais Amye immortelle,
Et à la bien aymer entens :
Lors pourras dire sans cautelle,
Mes Amours durent en tout temps.


'

Chant de follie, de l’origine de Villemanoche


Les Pichelins par le Monde espanduz,
Sont de si hault, et si loing descenduz,
Qu’à peine a l’on sceu trouver la Racine,
Ne ung Rameau de si brave Origine :
Mais Dieu voulant, qu’ilz ne fussent periz,
A esveillé les joyeulx Esperitz
De l’ung d’entre eulx, nommé Villemanoche :
Qui tout ainsi que l’on rompt une Roche,
Pour trouver l’eau, qui dessoubz est cachée,
Ainsi il a sa race tant cherchée ;
En se rompant Entendement, et Corps,
Qu’il l’a trouvée en Livres tous d’accords
Livres, mais quelz ? Livres tresautentiques,
Vieulx, et usez de force d’estre Antiques,
Lesquelz il a à grand peine trouvez,
Leuz, et releuz, volvez, et revolvez :
Si vieulx (de faict) les a voulu eslire,
Que nul, fors luy, oncques n’y sceut rien lire.
Il a trouvé ses grands Predecesseurs
Preux, et hardys, comme leurs Successeurs :
Dont l’une part reside en Germanie,
Et la pluspart plusieurs Regnes manie.
Il a trouvé à force de chercher,
Que ses Parens sceurent si bien prescher,
Non pas prescher, mais si bien harenguerent,
Qu’a nostre loy Infideles rengerent.
Et de ceulx là on veoit par consequence