Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/49

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Bien heureux est, qui apporter la sceut,
Et plus heureux celluy, qui la receut.
Tant plus avant ceste Lettre lisoys
En aise grand, tant plus me deduisoye :
Car mes ennuys sur le champ me laisserent,
Et mes plaisirs d’augmenter ne cesserent,
Tant que j’euz leu ung mot, qui ordonnoit,
Que ceste Lettre ardre me convenoit.
Lors mes plaisirs d’augmenter prindrent cesse :
Pensez adonc en quelle doubte, et presse
Mon cueur estoit. L’obeissance grande
Que je vous doy, brusler me la commande :
Et le plaisir que j’ay de la garder,
Me le deffend, et m’en vient retarder.
Aulcunesfois au feu je la boutoye.
Pour la brusler : puis soubdain l’en ostoys,
Puis l’y remis, et puis l’en recullay,
Mais à la fin (à regret) la bruslay
En disant, Lettre (apres l’avoir baisée)
Puis qu’il luy plaist, tu seras embrasée :
Car j’ayme mieulx dueil en obeissant,
Que tout plaisir en desobeissant.
Voylà comment pouldre, et cendre devint
L’ayse plus grand qu’à moy oncques advint.
Mais si de vous j’ay encor quelcque Lettre,
Pour la brusler ne la fauldra que mettre