Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/66

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Que mes Enfans, lesquels (helas) j’avoye
Hault eslevé en honneur, et pouvoir,
Hault eslevé au Gibet m’ont peu veoir.
Ma gloire donc, que j’avoys tant cherie,
Fut avant moy devant mes yeux perie.
Les grands Tresors, en lieu de secourir,
Honteusement me menerent mourir :
Mes Seviteurs, mes Amys, et Parens
N’ont peu servir que de pleurs apparens.
J’eus (en effect) des plus grands la faveur,
Où au besoing trouvay fade saveur :
Mesme le Roy son Pere m’appella :
Mais tel faveur Justice n’esbranla :
Car elle ayant le mien criminel vice
Mieulx espluché que mon passé service
Pres de rigueur, loing de misericorde
Me prononça honte, misere, et corde :
Si qu’à mon los n’est chose demourée,
Qu’une constance en face coulorée,
Qui jusqu’au pas de mort m’accompaigna,
Et qui les cueurs du peuple tant gaigna,
Qu’estant meslée avecques mes ans vieulx,
Fit larmoyer mes propres Envieux.
Certainement ma triumphante vie
Jadis mettoit en grand tourment Envie :
Mais de ma mort or doibt estre contenté.