Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/158

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alors ilz eussent non seulement combatu, mais fouldroyé le reste du Monde pour ce jour: auquel fut veue la haultesse de cueur de maintz Chevaliers, qui par ardant desir voulurent pousser en la flotte des Ennemis, lors qu'en diffamée fuyte tournerent, laissant grand nombre des leurs ruinez en la campaigne par impetueux oraige d'Artillerie: dont fut attaint le Bastart d'Aimery si au vif, que le lendemain fina ses jours à Vallenciennes. Après peult on veoir des anciens Capitaines la rusée conduicte: de leurs gens d'armes la discipline militaire observée: l'ardeur des Adventuriers, et l'ordre des Suysses, avec le Triumphe general de l'Armée Gallicane: dont la veue seulement a meurtry l'honneur de Haynault, comme le Basilicque premier voyant l'homme mortel. Aultre chose (ma souveraine Dame) ne voione nous, qui ne soit lamentable, comme pauvres femmes desolées errantes (leurs enfans au col) au travers du pays despouillé de verdure par le froit yvernal, qui jà les commence à poindre: puis s'en vont chauffer en leurs Villes, Villages, et Chasteaulx mis à feu, combustion, et ruine totale, par vengeance reciproque: voire vengeance si confuse, et universelle, que noz Ennemis propres font passer pitié devant noz yeux. Et en telle miserable façon, ceste impitoiable Serpente la Guerre a obscurcy l'air pur, et nect, par pouldre de terre seiche, par salpestre, et pouldre artificielle, et par fumée causée de boys mortel ardant en feu (sans eaue de grâce) inextinguible. Mais nostre espoir par deçà