Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/366

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Amour, et Foy sont bien appariez,

Voire trop mieulx ensemble mariez

Que les humains, qu'en ce Monde on marie:

Car jamais Foy de l'Amour ne varie:

Et vous humains bien souvent variez.

Dames de cueur icy estudiez:

Ces deux beaulx dons Dieu vous a dediez,

Et sont seans en haulte seigneurie

Amour, et Foy.

Tant sont uniz, tant sont bien alliez,

Qu'oubliant l'ung, l'autre vous oubliez:

Si l'Amour fault, la Foy n'est plus cherie:

Si Foy perit, l'Amour s'en va perie:

Pour ce les ay en devise lyez,

Amour, et Foy.


LXII

De l'Amour du Siecle Antique


Au bon vieulx temps ung train d'Amours regnoit,

Qui sans grand art, et dons se demenoit,

Si qu'un boucquet donné d'Amour profonde,

S'estoit donné tout la Terre ronde,

Car seulement au cueur on se prenoit.

Et si par cas à jouyr on venoit,

Sçavez vous bien comme on s'entretenoit?

Vingt ans, trente ans: cela duroit ung Monde

Au bon vieulx temps.

Or est perdu ce qu'Amour ordonnoit,

Rien que pleurs fainctz, rien que changes on n'oyt,

Qui vouldra donc qu'à aymer je me fonde,

Il fault premier que l'Amour on refonde,