Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vostre Servant, par faulte de lyesse?

Je croy qu'en vous n'a point tant de rudesse.

Vostre rigueur me feit plusieurs destours,

Quand au premier je vous vins requerir:

Mais Bel Acueil m'a faict d'assez bons tours,

Et me laissant maint baiser conquerir.

Las vos baisers ne me sçavent guerir,

Mais vont croissant l'ardant feu, qui me presse:

Jouyssance est ma medecine expresse.

Chanson III

Dieu gard ma Maistresse, et regente,

Gente de corps, et de façon,

Son cueur tient le mien en sa tente

Tant et plus d'ung ardant frisson.

S'on m'oyt pousser sur ma chanson

Son de voix, ou harpes doulcettes,

C'est Espoir, qui sans marrisson

Songer me faict en amourettes.

La blanche Colombelle belle,

Souvent je voys priant, criant,

Mais dessoubz la cordelle d'elle

Me gette un oeil friant riant,

En me consommant, et sommant

A douleur, qui ma face efface:

Dont suis le reclamant amant,

Qui pour l'oultrepasse trespasse.

Dieu des Amans de mort me garde,

Me gardant, donne moy bon heur,

En le me donnant, prens ta Darde,