Aller au contenu

Page:Marquis de Lassay, Maurice Lange - Lettres amoureuses et pensées diverses du marquis de Lassay, Sansot 1912.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On peut aisément imaginer l’effet que fit une telle proposition sur une jeune personne dont l’âme était noble et élevée : elle regarda un honneur si surprenant avec modestie, mais elle n’en fut point éblouie au point de s’en croire indigne. M. de Lorraine parla à ses parents de ses intentions, et la chose alla si loin qu’il y eut un contrat de mariage fait dans toutes les formes, que les bans furent publiés et le jour pris pour faire le mariage[1].

Comme tout cela ne se fit pas avec un grand mystère, Madame, sœur de M. de Lorraine, en étant avertie, fit tout ce qu’elle put auprès de lui pour l’empêcher de faire un mariage si inégal ; mais voyant que tout ce qu’elle lui pouvait dire était inutile, elle eut recours au roi et à la reine mère et les supplia d’empêcher ce mariage. D’un autre côté M. Le Tellier[2], instruit de ce qui se passait, et qui avait fait avec M. de Lorraine le traité par lequel il donnait ses Etats, vint trouver le roi et lui dit qu’il se présentait l’occasion du monde la plus favorable pour engager M. de Lorraine à finir une affaire aussi avantageuse à

  1. Le contrat, du 18 avril 1662, a été reproduit dans les « Mémoires pour servir à l’histoire de Charles IV », par le marquis de Beauvau (1686 et 1689), III, p. 221.
  2. Alors secrétaire d’Etat de la guerre,