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Page:Marquis de Lassay, Maurice Lange - Lettres amoureuses et pensées diverses du marquis de Lassay, Sansot 1912.djvu/80

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l’écrivant, de songer que je mets ma vie entre vos mains. Si je suis assez malheureux, Madame, pour que la plus ardente et la plus respectueuse passion qu’on ait jamais sentie vous offense, contez-la au prince, montrez-lui cette lettre, et, par pitié, perdez-moi tout d’un coup : car vous ayant déplu, je ne veux plus de la vie, elle me serait insupportable, et je n’ai plus rien à souhaiter qu’une mort prompte. Elle finira ma malheureuse destinée et, ne pouvant vivre en vous aimant, j’aurai du moins le plaisir d’y mourir.


II

L’état où je me trouve ressemble à un enchantement. Chaque instant augmente ma passion ; mes yeux ne peuvent plus se détourner de dessus vous et je ne peux plus vivre un seul moment sans vous voir ; je sens un trouble et une agitation dans mon cœur, que je ne comprends pas moi-même. Quel changement dans ma vie ! je suis bien éloigné de l’ennuyeuse indifférence dans laquelle je vivais depuis si longtemps.

Hier au soir, vous étiez jolie comme un ange,