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Page:Marquis de Lassay, Maurice Lange - Lettres amoureuses et pensées diverses du marquis de Lassay, Sansot 1912.djvu/92

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songer à ce que vous souffrez pour l’amour de moi sans avoir le cœur pénétré de douleur. Quoi ! je suis cause que vous êtes malheureuse, et j’ai empoisonné la vie d’une personne que j’aime mille fois plus que moi-même ! C’est le malheur qui me poursuit depuis que je suis né qui a fait tout découvrir et qui vous a empêchée de voir qu’il fallait prendre plus de précautions. Si on vous a donné ma lettre du 13, vous aurez vu que j’avais prévu ce qui est arrivé. Mais tout cela est inutile le mal est fait ; il n’y a plus de remède.

Est-ce sérieusement que vous me proposez de cesser de vous aimer ? Parlez-moi plutôt de cesser de vivre : ma vie et mon amour finiront au même jour, et j’ai même peine à imaginer que la mort. puisse le faire finir. Pour moi, j’avoue que je ne peux pas souhaiter que vous ne m’aimiez plus : votre repos m’est bien cher, mais je ne saurais vouloir que vous le retrouviez à ce prix. L’état où vous êtes me perce le cœur ; mais je ne peux pas seulement supporter la pensée de n’être plus aimé de vous. Après tout, il peut arriver bien des changements, et nous pouvons encore espérer de beaux jours ; assurez-moi seulement qu’une longue absence et l’envie de retrouver de la tranquillité dans votre maison ne vous feront point changer, et répondez-moi que vous m’aimerez toujours.