Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/168

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mes un jeune et bel officier des cuirassiers de la garde, en bourgeois, donnant la main à Mme  de Laporte qui, comme une sylphide, avait volé dans ses bras ; ils traversèrent rapidement la rue et disparurent, joyeux, sous le guichet du Louvre. À cette vue le sang s’arrêta dans nos veines glacées ; mais en voyant la piteuse figure que faisait chacun de nous, un fou rire nous prit, si vif, si bruyant, si tenace, que les passants surpris s’arrêtèrent pour savoir ce que signifiait cette comédie. Tirés enfin de notre extase comique par les regards ébahis de la foule, nous nous rapprochâmes et nous allâmes faire un excellent déjeuner pour nous remettre de cette mystification imméritée.

C’est la seule vengeance que Fleury et moi avons tirée de cette espièglerie de mauvais goût.


(1817) Le prince de Poix est venu déjeuner aujourd’hui à la préfecture ; on était tout à fait en famille ; je me trouvais placé à côté de lui ; il a causé beaucoup avec moi, et le soin presque minutieux avec lequel il m’a interrogé sur mon pays, ma famille, mes espérances, m’a prouvé que M. des Touches lui avait déjà parlé de moi en termes bienveillants.

Le prince de Poix était avant la Révolution colonel du régiment des dragons de Noailles qui avait été levé par son grand-père, dans la guerre de Succession. Il devint, au retour du roi en 1815, capitaine d’une compagnie des gardes du corps, poste qu’il céda peu de temps après à son fils, le duc de Mouchy.