Le prince de Poix n’est pas un homme d’esprit ; c’est encore moins un soldat ; mais il a l’air d’un bien bon, d’un bien honnête homme. Il est gouverneur du château de Versailles. Ses manières, d’un sans-façon un peu affecté, m’ont paru bien communes pour un homme d’aussi haute naissance. Il a dans son langage rarement élégant un laisser aller qui passerait pour trivial chez un bourgeois, mais qui, chez un prince, est mis sur le compte de la simplicité et de la bonhomie. J’ai vu rire beaucoup, mais sans doute par politesse, de quelques-unes de ses plaisanteries niaises et plates, et souvent par trop décolletées, surtout en présence d’une jeune personne.
Après le déjeuner, nous avons accompagné le prince de Poix dans une sorte d’inspection qu’il avait à faire du château et du parc de Versailles. Il a passé en revue tous les employés, tous les gardiens, tous les concierges, il a parlé à tous avec bienveillance et il nous a été facile de nous convaincre qu’il était tendrement aimé de tout ce personnel.
D’un excellent cœur, d’un caractère obligeant, le prince n’avait contre lui qu’une éducation vulgaire, peu en harmonie avec son rang et le poste élevé qu’il occupait, mais, je le répète, il y avait de l’afféterie dans ses manières, et je suis convaincu que c’était un genre bien déplorable certes, mais un genre qu’il voulait se donner.